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Y'a du soleil à vendre : une bossa-nova made in France Gall



Juillet 1968. Tandis que la France se remet à peine des secousses du printemps, France Gall débarque avec un 45 tours simple pour l’été. En face A, Mon p’tit soldat, ballade tragique sur fond de musique martiale. En face B, Y'a du soleil à vendre, une parenthèse lumineuse aux accents de bossa-nova. Un choix contrasté, comme une manière de dire que l'été peut être à la fois insouciant et grave. Mais aujourd'hui, intéressons-nous à ce titre ensoleillé qui mérite qu'on s'y attarde.


Un parfum d'Amérique du Sud


Avec ce titre, la chanteuse flirte avec la bossa-nova, un genre en vogue depuis que Orfeo Negro a emporté la Palme d'Or à Cannes en 1959. Pourtant, ici, point d’Antônio Carlos Jobim ni de Baden Powell – la composition est signée Hubert Giraud, un habitué de la variété française, futur auteur de Mamy Blue et de Il est mort le soleil.


Les paroles, elles, sont signées Robert Gall, papa de France, qui connaît bien les capacités de sa fille et lui concocte un texte rythmé, presque joueur.


Une balade entre enfance et sensualité


Y'a du soleil à vendre raconte l'histoire d'une jeune fille qui déambule en ville en chantant son refrain enjoué. Elle danse, elle rit, elle s'amuse à jouer les marchandes de soleil. Mais sous son apparente légèreté, le texte laisse planer une ambiguïté subtile : "Presque femme, encore enfant, ange ou bien démon". Loin d'être une simple carte postale estivale, la chanson esquisse le portrait d'une jeunesse en transition, entre l'innocence et le désir de liberté.


France Gall, elle, livre une interprétation toute en douceur, avec cette fausse candeur qui fait sa marque. Sa voix, plus posée qu'à ses débuts, donne à la chanson une touche de fraîcheur et de nonchalance, parfaite pour l'esprit bossa-nova.


Une production soignée mais sans révolution


Enregistrée sous la houlette de Denis Bourgeois, la chanson bénéficie d’une orchestration efficace mais sans prise de risque. On est loin des audaces d’un Gainsbourg ou d’un Michel Colombier. Alain Goraguer, souvent présent dans les arrangements de France Gall, n’est pas de la partie cette fois-ci.


Les guitares adoptent un jeu brésilien, la batterie est feutrée, les cuivres apportent une touche de chaleur. Mais l’ensemble reste sage, presque trop propre. Il manque peut-être un grain de folie pour que cette bossa made in France s’impose vraiment.


Une diffusion discrète, un succès modeste


Si France Gall interprète Y'a du soleil à vendre à plusieurs reprises à la télévision étrangère (notamment en Espagne et en Suisse entre 1969 et 1971), en France, la chanson reste discrète.


L’époque est à la transformation pour la chanteuse. Son contrat avec Philips touche à sa fin, elle cherche un nouveau souffle. Cette chanson, comme d’autres de la même période, semble donc coincée entre deux âges, ni totalement assumée par l’artiste, ni vraiment défendue par son entourage.


Un dernier 45 tours avant le changement


Y'a du soleil à vendre fait donc partie des dernières chansons enregistrées sous le label Philips. Après un ultime 45-tours (24/36), France Gall mettra fin à sa collaboration avec la maison de disques pour chercher une nouvelle voie. Avec son père Robert et son frère Patrice, elle rejoint en 1969 La Compagnie, un label plus familial et artisanal, fondé par Hugues Aufray et Norbert Saada (mais qui fera faillite en 1971).


Ce changement marque une première prise d’indépendance pour la chanteuse, qui ne tardera pas à se détacher de son père pour tracer son propre chemin.


Pourquoi réécouter Y'a du soleil à vendre aujourd'hui ?


Si ce titre n’est pas resté dans les annales, il mérite pourtant d’être redécouvert. Il montre une France Gall explorant de nouveaux styles. La bossa-nova française, sans être une révolution, a son charme, et cette chanson en est un bon exemple.


Alors, la prochaine fois que vous avez envie d’un peu de soleil dans vos écoutes, laissez-vous tenter. Après tout, France Gall nous l’assure : s’il y a du soleil à vendre, autant en profiter !






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