Celui que j’aime : Quand France Gall jouait en famille
- L'Agent Secret des Chansons

- 26 janv.
- 3 min de lecture

Fin 1966, France Gall enregistre quelques nouveaux morceaux pour boucler son sixième album, FG, qu’elle destine initialement aux enfants. Parmi eux, Celui que j’aime, une chanson qui pourrait presque passer inaperçue… sauf qu’elle a une particularité intéressante : elle est signée par deux membres de la famille Gall. Son père, Robert, et son frère, Patrice.
On parle toujours de Gainsbourg quand on évoque la carrière de France Gall dans les années soixante, mais on oublie parfois que chez les Gall, la chanson était une affaire de famille. Si vous imaginez des réunions de travail autour de la table du salon, vous n’êtes sûrement pas loin de la réalité.
Robert Gall, l’homme de l’ombre derrière tant de voix
Si son nom est moins connu que celui de sa fille, Robert Gall a pourtant marqué la chanson française. Auteur prolifique, il a écrit pour des géants comme Édith Piaf (Les Amants merveilleux) ou Charles Aznavour (La Mamma). Il appartenait à cette génération de paroliers issus de la tradition du cabaret et des grands interprètes de l’après-guerre. Ses textes, toujours soignés, étaient avant tout pensés pour mettre en valeur les voix qu’il servait.
Lorsqu’il écrit pour France, il veille à préserver sa fraîcheur et son naturel. Contrairement à Gainsbourg, qui s’amuse à jouer avec la sensualité trouble de la jeune chanteuse, Robert reste dans une approche plus classique, avec des textes sages, fidèles à l’image qu’il se fait de sa fille. Cette bienveillance donne à Celui que j’aime un ton léger, tendre, avec une pointe de mélancolie.
Patrice Gall, le frère dans l’ombre de la star
Moins connu encore que son père, Patrice Gall a pourtant lui aussi contribué à la carrière de France. Auteur et compositeur, il a signé plusieurs autres musiques pour elle (La guerre des chansons, L’hiver est mort, Chanson pour que tu m'aimes un peu…), tout comme son frère jumeau Philippe, bien que son rôle soit resté plus discret. On peut imaginer que son regard de frère lui permettait de capter une facette plus intime de France Gall.
Petite anecdote : avec ses deux frères, France Gall avant sa carrière avait monté un orchestre, et ils se produisaient régulièrement sur scène. Patrice sortira même un disque sous son propre nom en 1968.
Une chanson familiale à un tournant de carrière
Quand Celui que j’aime sort en 1966, France Gall traverse un moment particulier. FG est un album sans vrai tube, si ce n’est Les sucettes, qui, pour des raisons évidentes de scandale (merci Serge), n’est pas mis en avant.
Sur cet album, on retrouve deux chansons du duo Jean-Max Rivière / Gérard Bourgeois, qui écrivent alors aussi pour Juliette Gréco, Françoise Hardy et Sylvie Vartan, ainsi qu’un titre signé Pierre Delanoë. Mais pour le reste, on se débrouille en famille. C’est donc l’occasion pour les Gall de se retrousser les manches et de proposer une chanson simple et sincère, loin des provocations et des doubles sens auxquels on associe souvent la chanteuse.
France Gall la chantera à la TV notamment au Musée Galliera (exposition L'association des peintres témoins de leur temps) sur le thème "Chansons et chanteurs d'aujourd'hui", sans trop de rapport avec le thème de sa propre chanson, et où celle-ci démarre devant un tableau qui semble représenter la chanteuse (ou est-ce Sylvie Vartan? Ou Mylène Demongeot?).
Alors si vous avez deux minutes trente devant vous, allez l’écouter. C’est une petite chanson sans prétention, avec une orchestration élégante façon Lee Hazlewood, et une France Gall en retenue et pleine d’émotion. Et c’est peut-être pour ça qu’on y revient toujours.




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