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You Were the One – Diana Ross : la pépite disco passée sous silence


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On est en 1978. Diana Ross, reine de Motown et ex-Supreme, sort d’un virage disco explosif avec Love Hangover (1976), tube monumental et n°1 des charts. Mais ensuite… plus rien d’aussi marquant. Trois albums s’enchaînent (Baby It’s Me en 1977, Ross en 1978, The Wiz la même année), sans qu’un single ne se hisse au niveau de son talent. Le plus ironique dans l’affaire ? Son équipe de Love Hangover alimente les charts pour d'autres (Don’t Leave Me This Way pour Thelma Houston, merci pour elle), mais pour Diana ? Rien qui explose côté dancefloor.


Et c’est dans cette ambiance « Motown à la boussole cassée » que sort l’album Ross, en septembre 78. Un disque qui semble conçu par un stagiaire débordé : moitié nouvelles chansons, moitié fonds de tiroir. Et au milieu de tout ça, quelques pépites un peu sacrifiées — Lovin’, Livin’ and Givin’, Never Say I Don’t Love You… et surtout : You Were the One. LE morceau. Celui qu'on met sur pause pour dire "attends, c’est quoi ça ?"


Une chanson qui aurait dû tout fracasser


You Were the One n’a jamais été lancée en single, mais c’est sans doute un des meilleurs titres disco-club jamais enregistrés par Diana Ross. Un groove pop ultra efficace, une ligne de basse en dialogue constant avec les cuivres, des chœurs qui brillent comme des paillettes vocales, et la chanteuse dans une forme vocale rare : elle pousse, elle plane, elle envoie du rêve.


Elle chante le coup de foudre comme si elle y croyait dur comme fer : “I knew when you walked into the room / You were the one”. Et on la croit, nous aussi. Le refrain, c’est du velcro : il colle dès la première écoute. La montée centrale, quand elle répète “You were the one”, est du très grand Diana, avant Chic.




Écrit et produit par Greg Wright et Karin Patterson, le titre a tout pour lui. Pourtant, c’est What You Gave Me, un morceau signé Hal Davis, qui est choisi comme single, certes correct… mais qui semble un peu léger en comparaison.


Si Motown avait osé, on aurait tenu là un potentiel top 10 international. You Were the One avait le mot "tube" écrit en majuscules, et c’est précisément parce qu’il est resté dans l’ombre qu’il fascine encore aujourd’hui.


Le contexte Ross : de Love Hangover à The Wiz, le disque en panne


Après Love Hangover, Diana passe en mode turbo : une tournée (An Evening with Diana Ross), un film (The Wiz, avec Michael Jackson déguisé en épouvantail stylé), et deux albums enregistrés quasiment en simultané — Baby It’s Me le jour à L.A., sessions disco la nuit chez Motown.


Résultat : elle n’a plus une minute à elle, et on sent que Motown est un peu largué dans la gestion du virage. Au final : l’album Ross ne trouvera pas son identité.

Seuls deux singles sont publiés : What You Gave Me et Lovin’, Livin’ and Givin’ (également sur la B.O. de Thanks God It's Friday), et aucun ne soulève les foules. Motown laisse sur le bas-côté You Were the One, préférant jouer la sécurité. Mauvais calcul. Quant au film The Wiz, flop critique et public, il gâche l’élan. L’album plafonnera à la 49e place du Billboard.


Diana Ross et le virage disco (1976–1980)


Née à Détroit en 1944, Diana s’impose dès les années 60 avec les Supremes (12 numéros 1), puis devient une superstar solo. Dans les années 70, elle aligne les classiques : Ain’t No Mountain High Enough, Touch Me in the Morning, Theme from Mahogany. Love Hangover en 1976 est son entrée fracassante dans l’ère disco.


Mais entre 1977 et 1978, Motown peine à capitaliser. Trois albums prometteurs, aucun ne trouve vraiment son public côté clubs. Il faudra attendre 1979 et The Boss (produit par Ashford & Simpson) pour que Diana retrouve l’alignement des planètes. Puis Diana (1980), réalisé par Nile Rodgers & Bernard Edwards de Chic, scelle la renaissance : Upside Down, I’m Coming Out — un triomphe planétaire. C’est là qu’elle retrouve les sommets — mais ce sera juste après la grande vague disco.


En résumé


You Were the One est une magnifique anomalie disco : parfaite, délaissée, mais brillante. Une chanson trop en avance ou trop en retard, ou juste mal tombée. Diana Ross l’avait chantée sur scène en 1979, mais plus rien depuis.


Aujourd’hui, elle reste un trésor bien gardé. Pas un tube oublié, mais un tube qui aurait dû l’être. Une injustice funky, à réparer d’urgence avec un casque, un verre et un petit pas de côté dans le salon. Et si c’était ça, la vraie postérité ?

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