Step into the love line – Amii Stewart, le pas de côté après Knock on wood

Amii Stewart, c’est un peu la James Bond Girl du disco : apparition fulgurante, voix de laser, et costumes qui feraient pâlir n’importe quelle revue du Lido. Elle déboule en 1979 avec Knock on Wood, un tube électrifié, numéro 1 aux États-Unis, Grammy nomination, et une Amii propulsée au firmament… juste au moment où les américains commençaient à brûler leurs vinyles discos.

Mais Amii, pas du genre à se laisser démonter par trois rednecks dans un stade, sort dans la foulée un deuxième album, Paradise Bird, histoire de surfer sur son succès. Et au beau milieu de cette galette se cache Step into the love line, un titre injustement méconnu.

Avant la love line : frapper du bois comme une possédée

Petit retour en arrière. Avant Step into the love line, Amii Stewart frappe fort – littéralement. Knock on Wood, reprise survitaminée du morceau Stax d’Eddie Floyd, c’est la rencontre improbable entre la superstition soul et les synthés de science-fiction. Là où l’original des sixties flirtait avec un rythme tranquille, Amii, Barry Leng (producteur), et son pote Ken Freeman (inventeur de machines électroniques qui avaient l’air de sortir de Cosmos 1999) poussent le morceau à 141 BPM. Un tempo à donner des palpitations à Donna Summer.

Résultat : un tube planétaire. Les cuivres et la voix d’Amii sont là, et les clubs s’embrasent. Amii devient, malgré elle, l’ambassadrice d’une nouvelle ère : celle de la hi-nrg avant l’heure.

Mais comme toujours dans le disco, une fois qu’on a décroché la timbale, la vraie question, c’est : que faire après ?

Paradise Bird : le second effet Amii Stewart

On connaît l’histoire : les labels veulent toujours « un autre Knock on Wood ». Mais on ne recrée pas un miracle. Amii sort l'album Paradise Bird en septembre 1979, soit à peine sept mois après le premier, mais cette fois ne rencontre pas le succès aux USA.

Sur ce second album, au menu : une nouvelle reprise 60’s (l’efficace The Letter des Box Tops), He’s a Burglar, un original de Jerry Ragovoy (le compositeur de Time is on my side), et 5 titres de Barry Leng et Simon May, ces deux Anglais qui signaient plus vite des chansons qu’ils ne payaient leur pinte au pub.

Le single Jealousy fait un petit carton en Europe (en Suède et en Italie, pays qui ont toujours eu un faible pour les divas disco). Et c’est en face B de celui-ci qu’on découvre Step into the love line.

Step into the love line : cours de drague accéléré

Alors, de quoi parle cette chanson ? En gros : Amii remet les pendules à l’heure. Oui, elle peut passer la nuit avec vous, mais non, ça ne veut pas dire qu’elle est prête à tricoter des pulls assortis. Il faudra patienter dans la file d’attente de l’amour… Mis en musique par Barry Leng et Simon May, ça devient un groove souple, élégant, avec des chœurs qui répètent « step into the love line ».

C’est typiquement le genre de morceau qu’on imagine tourner en boucle dans les clubs européens de 1979, pendant que les DJs new-yorkais passaient déjà à d’autres horizons.

Amii Stewart, diva sans frontière

Si la carrière américaine d’Amii ralentit après Knock on Wood, l’Europe, elle, ne lâche pas l’affaire. L’Angleterre l’adopte, l’Italie la vénère, et même la Suisse se prend à danser sur Jealousy. Amii devient une star du Vieux Continent, à une époque où l’Amérique enterre le disco mais où l’Europe, pragmatique, continue d’agiter ses paillettes.

Et puis il faut le dire : Amii a tout pour séduire. Une formation de danseuse classique, une voix puissante, et des costumes tellement extravagants qu’ils feraient passer Lady Gaga pour une employée de bureau.

Dans les années 80, elle finit par s’installer en Italie, sort Friends (autre carton européen bien avant la série), remixe ses anciens succès et devient la diva que la péninsule ne savait pas qu’elle attendait.

Conclusion

Step into the love line n’a pas bouleversé le monde. Mais il a cette élégance de fin de nuit, quand les derniers survivants de la piste se regardent en se demandant s’ils vont rentrer seuls ou à deux.

Ecoutez le remix de 1985, entrez dans la ligne de l’amour… et essayez de ne pas vous tordre la cheville en sortant !