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Dance (Disco Heat) – Sylvester : la comète disco venue de San Francisco


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Penchons-nous aujourd’hui sur un artiste capable d’illuminer une piste de danse et d’envoyer toute une génération se déhancher jusqu’au lever du soleil. Dance (Disco Heat) et You make me feel de Sylvester, sorties en 1978, sont non seulement des morceaux culte, mais aussi des manifestes, des cris de joie en falsetto.


Et si aujourd’hui le nom de Sylvester ne dit pas forcément grand-chose à tous, il faut savoir qu’il est une figure monumentale du disco. Pas seulement parce qu’il chantait comme personne, mais aussi parce qu’il incarnait une liberté totale, aussi flamboyante que ses costumes à paillettes.


Bienvenue donc dans l’univers de Sylvester, alias « The Queen of San Francisco », un monde où la disco n’était pas seulement une musique, mais une déclaration d’existence.


Une voix qui défiait la gravité (et les genres)


Sylvester naît en 1947 à Los Angeles, dans une Amérique qui n’est pas exactement tendre avec ceux qui sortent du moule. Noir, homosexuel, passionné par le gospel et les robes à sequins, il choisit d’assumer qui il est, et tant pis pour les voisins. Ou plutôt tant mieux, parce qu’à force de décalages et d’excès, il va inventer un style qu’on n’avait encore jamais entendu.


Sa voix ? Capable de grimper plus haut que les lustres du Studio 54, mais aussi de descendre dans des graves veloutés quand il en avait envie. Sylvester pouvait chanter un gospel à pleurer dans une église le dimanche matin, et le lendemain transformer un club enfumé de San Francisco en cathédrale disco.


La rencontre avec le disco


Avant de devenir une icône à succès, Sylvester fait ses armes dans des spectacles drag, puis avec le groupe The Cockettes, collectif totalement déjanté qui mélangeait cabaret, freak show et comédie musicale sous acide. Pas exactement la meilleure formation pour plaire à Motown, mais idéale pour apprendre à captiver un public.


C’est à San Francisco qu’il trouve son royaume. Là, au cœur de la scène libertaire de la fin des années 70, il rencontre des musiciens qui vont lui donner les clés du son qui lui manquait. Parmi eux, un génie discret des synthés : Patrick Cowley, futur architecte de la Hi-NRG (ce courant dance survitaminé qui nourrira toute la musique club des années 80).


Avec lui, Sylvester va transformer une ballade un peu sage (You Make Me Feel) en une déflagration disco futuriste : You Make Me Feel (Mighty Real). Et si on devait choisir un hymne pour définir la liberté, l’explosion disco et l’anticipation de l’électro, ce serait probablement celui-là.

Mais avant que ce morceau ne devienne légende, il y a un autre titre qui met le feu aux dancefloors : Dance (Disco Heat).


Dance (Disco Heat) : le mode d’emploi du bonheur


Dès les premières secondes, on comprend : ça va transpirer. Le morceau démarre comme une conversation dans un club ( « You got a match? » / « Look at all the fabulous people » ), et bascule immédiatement dans un groove irrésistible.

« Workin’ on my feet in the disco heat / Dancin’ through the night ‘til mornin’ light shines on me… »


C’est simple, c’est clair : on ne rentre pas avant le lever du soleil, et si les chaussures fondent sur le dancefloor, tant pis, on continue.


Derrière, les chœurs de Two Tons O’ Fun (Izora Rhodes et Martha Wash, qui formeront plus tard The Weather Girls) rajoutent une énergie volcanique. Ces deux-là ne font pas seulement des chœurs : elles chantent comme si elles vous poussaient physiquement sur la piste, un peu comme une version disco de votre coach de zumba préféré.



Résultat : Dance (Disco Heat) grimpe jusqu’à la 19e place du Billboard Hot 100 et squatte les clubs. En face B du maxi 12 pouces ? Rien de moins que You Make Me Feel (Mighty Real). Autant dire que le disque était un kit complet pour transformer n’importe quelle discothèque en Studio 54. En France, il faudra attendre la sortie de You make me feel pour que l'artiste soit reconnu.


L’album Step II : deuxième étape, coup de maître


Dance (Disco Heat) et You Make Me Feel figurent sur l’album Step II, sorti en 1978. Et dès le titre, tout est dit : c’est une « deuxième étape », un nouveau départ. Sylvester abandonne les arrangements trop sages de ses débuts pour embrasser une disco plus moderne, boostée par les synthés et l’énergie de Cowley.


Le disque cartonne aux Etats-Unis : numéro 7 des charts R&B, numéro 28 au Billboard 200, et certifié disque d’or en février 1979.


Mais plus encore que les ventes, Step II impose Sylvester comme une figure incontournable du disco. Et pas seulement pour sa musique : sa simple présence sur scène, en robe scintillante, maquillé comme une diva baroque, faisait comprendre au monde entier qu’il était possible d’être soi, sans compromis.


À une époque où l’homosexualité était encore criminalisée dans plusieurs États américains, il chantait haut et fort son droit d’exister, de briller et de séduire. Et au-delà du symbole, il y avait la musique : une énergie incroyable, des mélodies imparables, et ce mélange unique entre gospel, funk, soul et futurisme électronique.


L’héritage


Sylvester meurt trop tôt, en 1988, emporté par le sida, comme tant d’artistes et de militants de sa génération. Mais il laisse derrière lui un héritage immense.

Dance (Disco Heat) et You Make Me Feel (Mighty Real) sont régulièrement redécouverts, remixés, cités comme des jalons essentiels de la dance music. Des artistes comme Madonna, Scissor Sisters ou Hercules & Love Affair revendiquent son influence. Et dans chaque club où quelqu’un ose chanter en falsetto sous une boule à facettes, on entend un peu de Sylvester.


Sylvester ne disait pas seulement « dansez ». Il disait : « soyez vous-même, soyez exubérant, soyez libre ». Et rien que pour ça, il mérite qu’on le rejoue encore, encore, et encore, jusqu’au lever du soleil.


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