top of page

Winter Melody ou l’hiver disco-slow de Donna Summer


ree

Bienvenue dans le chapitre 4 de notre saga estivale des chansons disco ! Et aujourd'hui, on sort les moufles, le mascara waterproof et les gros slows déprimés. Winter Melody ? Un slow. De Donna Summer. La même qui nous a donné Hot Stuff, I Feel Love et Love to Love You Baby avec des gémissements qui auraient fait rougir un tourne-disque.

Et ça marche ! Parce que derrière les paillettes, il y a une diva avec un coeur qui bat. Ou qui se brise. Lentement. En 6 minutes 30.


Un hiver dans un concept-album


On est en 1976. Donna sort son quatrième album studio, Four Seasons of Love. Un concept-album à l’ancienne : quatre chansons pour quatre saisons, avec un fil rouge romantique. Printemps = flirt. Été = passion torride. Automne = doutes. Hiver = rupture et chocolat chaud au Prozac. Winter Melody incarne cette dernière phase. Une ballade disco-soul, un peu triste mais très classe, où Donna déplie sa voix.


C’est un disque visuel aussi. La pochette vient avec un calendrier 1977 en bonus (qui a dû décorer quelques chambres d’ados), et Donna y joue les saisons en robe à crinoline, fourrure ou Marilyn Monroe en automne. C’était la première époque où les chanteurs faisaient de la mise en scène, bien avant les clips YouTube et les filtres Instagram.


De la comédie musicale à la Diva


Mais revenons un peu en arrière. Avant d'être la Queen of Disco, Donna Summer était... une chanteuse de comédies musicales à Munich. Elle avait fui Boston pour jouer dans Hair, apprendre l’allemand, et poser pour des pubs en salopette. Elle s’appelait encore Donna Gaines et faisait de la folk-pop tout à fait respectable.


C’est là qu’elle rencontre Giorgio Moroder et Pete Bellotte, les deux sorciers de la disco. Ensemble, ils pondent d’abord Lady of the Night, puis LA bombe : Love to Love You Baby. Et ça, c’est une sacrée histoire.


Orgasme disco en 16 minutes 50


L’idée vient d’elle : une chanson à la Je t’aime moi non plus de Gainsbourg. Moroder ajoute une ligne de basse funky, Donna chuchote au micro, puis soupire, puis gémit... Tellement bien qu’on coupe la lumière en studio pour qu’elle s’y croie vraiment. Neil Bogart, le boss de Casablanca Records, entend la démo, la passe lors d’une soirée sous coke : bingo. Il veut une version longue, très longue, pour les clubs. Résultat : 16 minutes 50 de fièvre sexuelle, boudées par la BBC, adorées par les fêtards.


La chanson cartonne, l’album aussi. Donna devient la "First Lady of Love", la star des discothèques, la voix la plus sulfureuse de la planète. Mais au fond, c’est aussi une chanteuse douée, une actrice de formation, qui sait jouer toutes les émotions, pas seulement les plaisirs charnels.


Et soudain, un slow


C’est pour ça que Winter Melody détonne. Sur un album bourré de titres plus dansants (Spring Affair, Summer Fever), elle ose un grand slow triste. Une chanson d’après l’amour, d’après la fête. Les paroles ? Une femme seule, en hiver, qui ressasse, qui pleure. "Loneliness, that’s all that’s left for me..." C’est presque du Barbara, mais en robe lamée.


Et attention : cette chanson, mine de rien, annonce la suite. Donna va bientôt se rapprocher de la religion, devenir "born again Christian", vouloir changer d’image, fuir l’étiquette de fantasme disco. Avec Winter Melody, on a déjà un pied hors du club.


Un slow, un virage, une diva


Alors, faut-il danser sur Winter Melody ? Pourquoi pas. Mais c’est surtout une chanson à écouter en regardant la pluie tomber sur le bitume, avec un pull moche et du mascara qui coule. Faut-il l’aimer ? Oui. Parce qu’elle montre que Donna Summer était bien plus qu’une reine de la piste : une actrice vocale, une diva tragique, capable d'autre chose.


Winter Melody, qui était sorti en single après Spring Affair (sauf en France), est un slow, mais pas un ralenti dans sa carrière. C’est une pause, un regard dans le rétroviseur, avant de repartir en trombe vers I Feel Love, Last Dance, Bad Girls et tout le reste.


Allez, on se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle pépite disco à déshabiller.

D'ici là, restez brillants, restez groovy, et n'oubliez pas : même les reines du disco pleurent parfois dans un manteau de fourrure.

ree

bottom of page