Sheila – Enfin réunis : la face B qui en avait sous le capot
- L'Agent Secret des Chansons
- 25 févr.
- 3 min de lecture

Nous sommes en 1965. Sheila est au sommet de la vague yéyé, et son public se rue sur C’est toi que j’aime, le tube de l’été. Mais en face B du 45 tours, un autre titre se fraye un chemin vers les platines : Enfin réunis.
Et franchement, il mérite d’être redécouvert. On aurait pu s’attendre à une ballade sentimentale, un peu triste ou sirupeuse, mais non. C’est une chanson vive, joyeuse, entraînante. On parle d’amour retrouvé, mais sans pathos. Un vrai petit bonheur musical.
De l’Amérique à la France, version Sheila
L’original, Count Me In, était déjà un tube aux États-Unis, signé par un groupe qui avait trouvé le jackpot grâce à son leader, Gary Lewis – fils de la superstar Jerry Lewis. Le morceau, sorti la même année, avait cartonné en grimpant jusqu’à la deuxième place du Billboard Hot 100. En France, c’est le tandem Claude Carrère / Jacques Plante qui se charge d’en faire un titre sur mesure pour Sheila.
Mission accomplie : la chanson s’intègre parfaitement au style insouciant et dynamique de la chanteuse. On y parle de séparation, de retrouvailles et d’amour plus fort que tout, mais toujours avec cette énergie typique des yéyés.
Une chanson discrète, mais pas oubliée
Si C’est toi que j’aime truste les sommets du hit-parade, Enfin réunis vit sa propre petite histoire. Elle est chantée une seule fois à la télévision en 1965 dans La. La. La., avant de disparaître des setlists pendant… 37 ans ! Il faut attendre 2002 pour que Sheila la ressorte de son chapeau magique, à l’Olympia, enchaînée avec Le Rêve dans un medley nostalgique. Preuve qu’elle l’aime bien, cette petite chanson.
Les autres perles du 45 tours
Si C’est toi que j’aime, malgré son succès, reste un peu gentillet – disons-le franchement, un poil gnan-gnan – les autres titres du disque ont de la personnalité à revendre.
Il faut se quitter, en particulier, surprend par sa modernité. C’est une rupture chantée sans détour, avec lucidité et énergie. Le pendant en négatif d’Enfin réunis. Les paroles évoquent un amour qui s’efface, sans chercher à le maquiller : “On ne s’aime plus, je le sais / Il faut se quitter.” Sheila y adopte un ton rare pour l’époque, entre résignation et courage. Musicalement, ça swingue, ça pulse : une vraie réussite.
Quant à Il fait chaud, c’est un ovni joyeux dans sa discographie. Adaptation du très réussi Hush de Jackie Edwards (un morceau et un chanteur à redécouvrir), le morceau dégage une chaleur dansante et insouciante, faite pour l’été, portée par un accompagnement à l’orgue inhabituel chez Sheila. On est presque dans un twist jazzy, ou un mini-tube d’été resté coincé entre deux pages d’un magazine Salut les Copains.
L’été 65 : Entre paillettes et Saint-Tropez
Pendant que ce 9ème EP fait son bout de chemin, Sheila, elle, vit son été en Technicolor. Direction la Côte d’Azur, entre Saint-Tropez et Saint-Raphaël, dans une villa louée par Claude Carrère. Autour d’elle, une faune d’artistes, d’attachés de presse et d’amis en vacances. Au programme : ski nautique, virées en bateau, shootings photos et apparitions dans les clubs branchés. Sheila est partout, elle incarne une époque joyeuse, insouciante, où la variété française s’amuse à rivaliser avec la pop anglaise et américaine.
Une face B qui reste en tête
Aujourd’hui encore, Enfin réunis garde son charme intact. C’est une chanson qui donne envie de rouler cheveux au vent sur la nationale 7, ou de danser tout l’été sans se poser de questions. Une face B ? Peut-être. Mais une face B qui claque.
Et avec elle, tout un 45 tours rempli de petites surprises. Si vous ne l’avez jamais écouté en entier, ou si vous l’avez oublié depuis longtemps, c’est peut-être le bon moment de lui redonner une chance.


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