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Le Rêve – Sheila s’essaie au folk-pop et siffle dans les étoiles



En 1966, alors que la vague yéyé commence à s’essouffler, Sheila aborde dans son 45 tours de l'été un virage plus pop avec Le Rêve, une adaptation du classique Daydream des Lovin’ Spoonful.

Mais entre le titre principal du disque, Bang-Bang , qui cartonne avec une promo entièrement centrée sur lui, et un premier film à tourner, ce Rêve-là passe totalement inaperçu.

Retour sur une parenthèse musicale élégante et oubliée dans la discographie de Sheila.


Un classique revisité


Si on me demande une chanson de Sheila qui me suit depuis toujours, une de ces petites perles cachées que seuls quelques-uns connaissent, Le Rêve est une des premières qui me vient en tête. Elle n'avait pendant 40 ans jamais eu droit aux projecteurs, et pourtant, j'ai toujours trouvé qu'elle avait quelque chose de spécial. Peut-être justement parce qu'elle a toujours été discrète, jamais surexploitée. Moi, c'est ce qui me plaît : ces chansons qu'on a l'impression de s'être appropriées, parce qu'elles ne sont pas usées jusqu'à la corde par les passages radio ou les tournées.


A l'époque, la chanson originale des Lovin' Spoonful cartonne aux États-Unis. C'est un morceau ensoleillé, tranquille. Paul McCartney lui-même s'en inspirera pour Good Day Sunshine des Beatles, et The Kinks suivront avec Sunny Afternoon. Plutôt un bon choix de références...


C'est Claude Carrère qui met la main sur les droits de la chanson, et c'est Jacques Plante qui se charge de l'adaptation française. Le résultat, c'est Le Rêve : une version où Sheila imagine une vie paisible et amoureuse, bercée par un doux sommeil. Ici, tout est apaisé, presque minimaliste, la voix n'est pas poussée, et c'est une vraie bouffée d'air frais dans sa discographie, à l'image de Chaque Instant de Chaque Jour deux ans auparavant.


Une face B éclipsée par Bang-Bang


Mais voilà : en juin 1966, quand le disque sort, la chanson est condamnée à l'ombre. Pourquoi ? Parce qu'elle se retrouve en face B de Bang-Bang. Cette adaptation française du titre de Cher, signé par son mari Sonny Bono, est un des tubes de l'été, et éclipse les 3 autres chansons du 45T (dont La course au soleil et Le pipeau, un titre qui ne s'invente pas...). Le film Bang-Bang du même nom avec Sheila est en préparation (parce que pourquoi se compliquer la vie !), toute la promo est centrée dessus, et Le Rêve... passe à la trappe. Pas de passage télé, pas de mise en avant.


Pendant longtemps, on n'en entend plus parler. Pourtant, elle aurait pu avoir une autre histoire. Elle avait ce petit truc en plus : une légèreté, une fraîcheur qu'on ne retrouvait pas toujours dans ses autres morceaux de l'époque.


Un retour inattendu sur scène… 36 ans après


Et puis, en 2002, pour ses 40 ans de carrière à l'Olympia, Sheila lui redonne vie sur scène, même si ce n'est que dans un medley. Un extrait du titre original en anglais est même chanté par les choristes, et Gilles Morvan, l'un d'entre eux, siffle la fameuse mélodie. Petite anecdote : sur la pochette du disque de 1966, on pouvait lire "Le charmant petit sifflet que vous entendez provient de la bouche même de Mademoiselle Sheila !".


Pourquoi redécouvrir Le Rêve ?


C'est une des rares incursions de Sheila dans un registre folk-pop à la fois délicat et ensoleillé. Il est certain que Bang-Bang dans le style pop était aussi une belle chanson, et restera comme l'un des titres emblématiques de Sheila. D'ailleurs, c'est celui qu'elle a choisi d'interpréter en 2013 aux Victoires de la Musique quand elle a reçu son prix d'honneur. Mais moi, je l'ai tellement entendue que la magie s'est un peu évaporée. Le Rêve, en revanche, a gardé une certaine fraîcheur.


Alors, si vous n'avez jamais pris le temps d'écouter Le Rêve, c'est le moment. Un titre parfait pour une pause musicale douce et nostalgique. Et Sheila en mode folk-pop, ce n'est pas tous les jours.





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