Dusty Springfield - I Close My Eyes and Count to Ten
- L'Agent Secret des Chansons
- il y a 4 jours
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Et si Dusty elle-même nous racontait sa chanson ? Imaginons…
« Je me souviens très bien de ce jour-là. On était en 1968, et pour tout vous dire, je ne savais pas exactement ce que je cherchais. J’avais besoin d’une chanson. Pas une chanson de plus. Une chanson pour moi. Quelque chose qui résonnerait avec cette angoisse douce qu’on ressent parfois, même dans les bras de quelqu’un qu’on aime.
Et puis, Clive Westlake m’a fait écouter cette démo. Une drôle de chose, avec une voix masculine par-dessus un vrai orchestre enregistré. Je crois que c’était sa voix qu’il y avait collée. Moi, je l’ai sentie, cette chanson. Tout de suite. Il y avait ce piano dramatique au début, presque exagéré, puis cette mélodie fragile, comme un souffle.
Et ces paroles... Ce moment où on ferme les yeux, on compte jusqu’à dix, et quand on les rouvre, la personne aimée est encore là. Vous voyez ce que je veux dire ? Ce moment suspendu où on n’ose pas croire que c’est réel.
Je l’ai appelé. Un dimanche, je crois. Je lui ai dit : “Clive, je prends la chanson. Elle est pour moi.” Ce n’était pas une demande, c’était une déclaration.
L’enregistrement a été une drôle d’aventure. J’avais cette habitude – un peu bizarre, je l’admets – de chanter dans des endroits inattendus. Là, c’était dans un couloir du studio Philips. Le son y était parfait. Il y avait une réverbération naturelle, une sorte de magie dans l’air. Je tenais le micro à la main, sans casque, comme si je racontais un secret. Il était 6 heures du matin. Les femmes de ménage m’ont applaudie. Je ne suis pas sûre qu’elles savaient ce que je faisais, mais elles ont souri, et ça m’a suffi.
J’ai toujours aimé les chansons qui ne font pas semblant. Celle-ci ne parle pas d’un amour flamboyant, de promesses éternelles ou de grands serments. Elle parle du doute, du vertige, de cette peur douce qu’on ressent quand on a enfin quelque chose à perdre. Elle dit : “Je ne t’ai pas aimé parce que tu étais beau, ou belle, ou que tu m’as dit ce qu’il fallait. Je t’ai aimé sans comprendre pourquoi.” Et c’est souvent comme ça, non ?
Quand la chanson est sortie, elle a tout de suite touché les gens. On m’a dit que c’était la plus belle introduction musicale de l’histoire de la pop, rien que ça ! Elle est montée dans les charts, et elle m’a ramenée là où j’aime être : dans les oreilles et les cœurs. J’avais aussi une émission télé à ce moment-là, It Must Be Dusty, et le timing était parfait. Je me suis dit que peut-être, cette chanson allait devenir l’une de celles qui restent. Et j’avais raison, je crois.
On me l’a souvent repris, ce morceau. Mais vous savez, Clive me l’a dit lui-même : “Personne ne la chantera comme toi.” Il exagérait peut-être un peu, mais je veux bien le croire. Parce que ce n’était pas juste une chanson. C’était un moment de ma vie. Une émotion que j’ai attrapée au vol.
Alors oui, j’ai une tendresse particulière pour elle. Je repense à ce piano un peu théâtral, à cette voix que j’ai posée. Et à cette phrase, toute simple : I close my eyes and count to ten... and when I open them, you’re still here.
Et vous savez quoi ? Si vous êtes toujours là, alors ça valait le coup ».
(Propos imaginés suite à la reconstitution de l’histoire de cette chanson)

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