When a Man Loves a Woman : quand Bette Midler électrise The Rose
- L'Agent Secret des Chansons
- 8 mars
- 4 min de lecture

Il était une fois une chanson qui faisait fondre les cœurs les plus endurcis. Écrite par Calvin Lewis et Andrew Wright, When a Man Loves a Woman voit le jour en 1966, enregistrée par Percy Sledge, avec toute l’âme du Sud profond. Ce premier single du chanteur (et son seul numéro un) est rapidement devenu un standard, repris des dizaines de fois.
Dans cette longue lignée de reprises – John Wesley Ryles dans les années 70, Michael Bolton dans les années brushing – il y a celle, incandescente, de Bette Midler, en 1979. Oui, celle qui a chanté Boogie Woogie Bugle Boy et In the Mood en robe à paillettes. Mais ici, dans The Rose, elle nous prend à contre-pied et nous donne tout.
The Rose : un film, une claque, une overdose
The Rose, c’est le film qu’on n’attendait pas, le biopic déguisé de Janis Joplin (qu’on ne pouvait pas nommer, trop de droits à payer, trop de légendes en jeu). Hollywood a changé les noms, mais pas les douleurs. On suit Rose, star rock en pleine chute libre, amoureuse d’un homme qu’elle ne comprend pas, prisonnière d’un manager autoritaire, droguée jusqu’aux os, en guerre contre ses démons et ses parents. On s’en doute : ça ne finit pas bien.
Mais ce qui fait de The Rose un film culte, ce n’est pas seulement le destin tragique de son héroïne. C’est la performance à vif de Bette Midler. Elle n’interprète pas Rose, elle est Rose. Une femme épuisée, cabossée, mais drôle et flamboyante, qui donne tout à son public. Le moment où elle chante When a Man Loves a Woman sur scène est l’un de ces instants de cinéma qu’on n’oublie pas. Ni la première, ni la dixième fois.
La chanson dans le film : entre cri du cœur et chant du cygne
Dans le film, la chanson commence par un long monologue féministe de Rose où elle invective son public sur l’amour et les hommes infidèles. Puis la musique démarre, la tension monte, et soudain, cette voix. Râpeuse, fatiguée, mais qui donne toute sa puissance et ses fêlures. C’est une déclaration d’amour démesurée, mais vue depuis l’envers du décor. Ce n’est pas un homme qui aime une femme, c’est une femme qui comprend enfin ce que ça lui a coûté d’être “la femme qu’un homme aime”.
Ce moment dans le film, c’est aussi l’instant où la fiction rejoint la réalité. Midler évoque ses propres blessures, son passé, ses relations toxiques. Elle ne joue pas : elle exorcise. Et quand elle termine la chanson, essoufflée, le regard flou, on est tous sous le choc.
Une bande originale hors normes
The Rose n’est pas qu’un film fort, c’est aussi un album qui a marqué la carrière de Bette Midler. Jusqu’alors, elle oscillait entre cabaret rétro, pop orchestrée et quelques incursions dans le disco. Mais là, elle sort les guitares, le whisky, et surtout la rage. La BO de The Rose est un condensé de rock à vif, avec quelques moments suspendus, comme la ballade finale The Rose, devenue un hymne instantané.
Mais c’est bien When a Man Loves a Woman qui a ouvert le bal. Ce fut le premier single de l’album, et même s’il n’est monté “que” jusqu’à la 35e place des charts américains, c’est celui qui a permis à Bette Midler de montrer une autre facette de son talent. Dans cette chanson et dans tout l’album, elle montre qu’elle peut, elle aussi, incarner la douleur, la dépendance, l’amour viscéral.
Quand la chanson devient souvenir
Juin 1980. À Paris, au Kinopanorama, The Rose débarque enfin en France. Un cinéma immense avec écran incurvé, un son géant, et avec cette amie, cette soirée où j’entre en cours de projection. Par hasard. Sur l’écran, Bette Midler commence à chanter When a Man Loves a Woman. Je suis littéralement happé. Et là, le monde s’arrête.
Ce n’est pas une scène, c’est un séisme. Je reste ému, bouleversé, jusqu’à la fin du film. Puis on reste dans la salle à la fin du film et on enchaîne avec la séance suivante. Parce qu’on ne peut pas repartir comme ça. Parce que ce genre de moment, on veut le regarder encore, juste pour être sûr qu’on l’a vraiment ressenti.
Depuis, le film est resté gravé comme un coup de tonnerre dans ma vie de cinéphile et de mélomane. Rien, dans la suite de la carrière de Bette Midler, n’égalera cette intensité brute. Pas même ses triomphes musicaux ou ses autres rôles emblématiques.
Un classique réinventé
Quand Percy Sledge a enregistré When a Man Loves a Woman (et qu’il cède ses droits à ses musiciens, erreur de sa vie), il ne pouvait imaginer qu’un jour, une chanteuse flamboyante, drapée dans les excès et les douleurs du rock, s’en emparerait pour en faire un cri déchirant et féministe. C’est pourtant ce qu’a accompli Bette Midler, dans The Rose, livrant une interprétation à vif, qui bouleverse encore aujourd’hui.
Ce rôle lui a valu une pluie de récompenses : Golden Globe de la meilleure actrice, révélation féminine de l’année, Golden Globe pour la chanson The Rose, et une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. Le disque, quant à lui, remportera le Grammy Award de la meilleure performance pop. Mais au-delà des trophées, elle a gagné une place à part : celle de ceux qui donnent tout – leur voix, leur douleur, leur vérité – pour que la musique transcende le simple divertissement.
Et vous ? Y a t'il eu une première fois avec The Rose ?


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