Trinidad - Sheila, l’exotisme pop sous le signe d’Henri Salvador
- L'Agent Secret des Chansons
- 15 janv.
- 3 min de lecture

En 1971, Sheila est au sommet de sa popularité avec Les Rois Mages. Mais cette fois, finis les caravanes et les chameaux : direction les Caraïbes avec Trinidad (La Trinité en français). Une escale musicale inattendue qui, selon moi, a toujours eu une place à part dans sa discographie. Peut-être parce qu’elle échappe un peu à la patte Carrère habituelle, ou peut-être parce que les apparitions télévisées de ce titre étaient particulièrement réussies. En tout cas, dans son 1er Album, Trinidad était la bonne surprise.
Un album enfin digne de ce nom
1er Album, comme son nom l’indique avec une franchise un peu brutale, est le premier véritable album studio de Sheila. Il aura fallu attendre neuf ans pour que Claude Carrère, son producteur omniprésent, accepte d’investir dans un projet plus ambitieux qu’une simple compilation. Le résultat est un disque varié, qui tente de refléter toutes les facettes de Sheila : on y trouve entre autres une ode à ses parents (Votre Enfant), des chansons d'amour (Love, Le Carosse), une réflexion sur la vie moderne (Fragile) et bien sûr, Trinidad, qui coche la case "chaleur tropicale et bonne humeur communicative".
Quand j’ai découvert ce disque, c’était un petit événement : six titres inédits d’un coup (le 7ème annoncé sur la pochette Accordez-vous fut remplacé au dernier moment par une version allemande de son ancien tube Dans une heure) ! Une véritable aubaine à une époque où les 45 tours avec seulement deux titres dictaient le rythme des sorties trimestrielles. Parmi eux, Trinidad s’est immédiatement imposé comme un morceau à part.
Henri Salvador aux commandes
Quand Henri Salvador se penche sur une mélodie, on peut s’attendre à un mélange de groove et de rythme cool. Trinidad ne fait pas exception. Les arrangements de Jean-Claude Petit, soignés et modernes, donnent de l'ampleur à ce titre, qui se démarque des tentatives précédentes de Sheila dans le registre exotique (Tout le monde aime danser, La Colline de Santa Maria, Fernando…). Ici, la production est efficace, les chœurs puissants, et la ligne mélodique plus subtile.
Une promo en crop-top et ballet grand luxe
Pour assurer la promotion de Trinidad, Sheila enchaîne deux uniques passages télévisés (À la manière 2, Télé Dimanche), et s’entoure des danseurs du ballet d’Arthur Plasschaert (à noter que si elle fut l’une des premières en France en 1977 à s’entourer de danseurs noirs, les ballets télévisuels manquaient cruellement de diversité 6 ans auparavant…).
Pour cette chorégraphie, en plein dans la mode seventies sexy et colorée, elle combine chemisier noué, pattes d'eph et enchaînements pour donner un maximum de relief à la chanson. Tout semble réuni pour que Trinidad devienne un incontournable du répertoire de la chanteuse.
Rétrospectivement, je trouve que c’est l’une de ses meilleures prestations télé de cette période. Un vrai spectacle, qui donne à la chanson une envergure plus pop que sur le disque seul.
Face B et flop incompréhensible
Malgré tous ces atouts, Trinidad ne deviendra jamais un tube.
Elle est accolée quelques temps plus tard sur un 45 tours avec un autre morceau de l'album un peu… particulier : J’adore, duo humoristique avec Aldo Maccione. Un choix stratégique discutable, qui prive Trinidad de la visibilité qu’elle aurait méritée.
Le public ne suit pas, et le titre tombe dans l’oubli. Dommage, car il avait tout le potentiel pour s’imposer dans son répertoire.
Il faudra attendre 2006 pour que Sheila et Yves Martin ressortent ce morceau de la malle aux souvenirs. Lors de ses concerts au Cabaret Sauvage puis à l’Olympia, elle en propose une version guitare-voix, sobre et élégante, qui prouve que même sans percussions exotiques, le morceau garde tout son charme.
Une perle cachée dans la discographie de Sheila
Chacun ses goûts, mais moi je trouve que Trinidad n’a pas eu la carrière qu’elle méritait, et c’est bien dommage. Elle reste à mon avis une parenthèse originale, une chanson qui sort des sentiers battus, avec une production bien au-dessus de la moyenne.
Si vous êtes curieux de découvrir des pépites oubliées, il n’est jamais trop tard pour mettre un peu de soleil de Trinidad dans vos playlists.



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