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Tatsurō Yamashita – Christmas Eve


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Avant de parler de Christmas Eve, il faut parler de Tatsurō Yamashita lui-même. L’époux de Mariya Takeuchi (pour qui il a écrit notamment Plastic Love), star au Japon depuis 50 ans, est un perfectionniste qui construit ses chansons comme on assemble une montre suisse, un rat de studio qui contrôle tout et ajuste tout.


La voix, légèrement en arrière du tempo, est reconnaissable entre mille. C’est l’élégance radieuse du "city pop", dont il est devenu le pilier. Alors quand un artiste comme lui écrit une chanson de Noël, il se passe quelque chose de très particulier. Et ce “quelque chose”, c’est Christmas Eve.


Un miracle discret, né presque par accident


Lorsqu’il écrit Christmas Eve, Tatsurō ne cherche pas à faire un tube. Il veut juste composer une belle chanson d’hiver.


Au départ, rien n’indique que ce titre deviendra LA chanson de Noël du Japon, vendue à 1,8 million d’exemplaires, au point de devenir un rituel national, comparable à Last Christmas en Occident, mais en plus élégant, plus feutré, plus introspectif.


Sortie en 1983 sur l’album Melodies, Christmas Eve n’est pas immédiatement un succès. Il faut attendre la fin des années 80, puis la fameuse campagne publicitaire de JR Central (les pubs “X’mas Express” et leurs histoires d’amoureux séparés par la distance) pour que le titre décolle, doucement mais sûrement, jusqu’à devenir incontournable.


Là où d’autres chansons misent sur les cloches, la joie, la neige scintillante, Tatsurō décide de prendre un autre chemin : celui de la délicatesse. Christmas Eve est douce, calme, d’une tristesse lumineuse. Une chanson de Noël où il ne se passe… presque rien. Un homme attend quelqu’un qui ne viendra peut-être pas. C’est tout.


Une production cousue main


Tatsurō, fidèle à lui-même, enregistre une grande partie des voix (et des chœurs) tout seul. La production mêle instruments acoustiques et textures électroniques sans jamais dater la chanson. C’est l’un des paradoxes de Christmas Eve : elle appartient à son époque, mais ne vieillit pas. Et puis il y a le fameux solo de guitare, signature de Yamashita. Juste ce qu’il faut de chaleur pour éclairer la mélancolie.


L’attente, la solitude, la lumière : un Noël japonais à hauteur d’humain


Contrairement aux standards occidentaux, Tatsurō ne parle pas d’un Noël familial, festif ou religieux. 
Le Japon n’a pas la même tradition : Noël y est une fête douce, romantique, parfois un peu mélancolique, que l’on passe en couple, sous les lumières de la ville.


Christmas Eve saisit parfaitement cette ambiance. Le héros de la chanson n’a pas grand-chose, sinon l’espoir que la personne qu’il aime vienne le rejoindre. Il attend, sous la neige. La ville est belle, mais froide. Et pourtant, la chanson ne s’achève pas sur une note triste. Elle reste en suspension, comme un vœu que l’on formule tout bas.



Cette retenue, cette pudeur, cette émotion fragile expliquent sans doute pourquoi la chanson n’a jamais quitté le cœur des Japonais.


Une petite histoire devenue grande tradition


À partir de 1989, grâce aux publicités, la chanson devient un rituel. On l’entend partout : dans les magasins, dans les gares, dans les restaurants, dans les rues illuminées.
 Chaque année, elle réintègre les classements. Elle incarne désormais un Noël moderne, urbain, tendre, qu’on observe derrière une vitre embuée.


Et peut-être est-ce pour cela que Christmas Eve est devenue un classique : parce qu’elle parle bas mais touche juste.

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