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Je t’appelle – Sylvie Vartan, ou le cri discret d’une renaissance


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Certaines chansons ne font pas la une des classements mais racontent mieux qu’un tube l’état d’esprit d’un artiste. Je t’appelle, placée discrètement à la fin de l’EP Loup paru en avril 1971, fait partie de celles-là. Adaptée de l’italien Chi sei tu par Pierre Delanoë, la chanson est un appel désespéré : « Je t’appelle / Il faut que tu reviennes / Et que tu me reprennes… ». Derrière ces mots simples se cache une période charnière de la vie de Sylvie Vartan, entre accident, renaissance et virage artistique.


1970 : une année sous orage


Tout commence en février 1970, avec un accident de voiture qui met brutalement la vie de Sylvie en suspens. Blessée, elle part se reconstruire aux États-Unis, loin des projecteurs et des rumeurs. Mais plutôt que de s’effondrer, elle transforme cette épreuve en transition. Pendant que la presse guette ses cicatrices, elle suit les cours de danse de Jojo Smith, professeur de Barbra Streisand, et imagine déjà ses futurs shows façon Broadway. On l’avait laissée « idole yéyé », on la retrouvera bête de scène.


1971 : un EP charnière


Quand paraît Loup, sept mois après La Chasse à l’homme son dernier single en date, Sylvie est dans un entre-deux. Elle revient peu à peu dans la lumière, et le public la découvre changée. L’EP est riche de 4 titres, chacun comme une pièce de puzzle :


Loup, adaptation par Michel Mallory d’un titre de Kenny Young, qui ouvre la longue collaboration Vartan-Mallory.


L’herbe folle, très rock , également adaptée par Mallory (on y revient vite).


Beaucoup d’amour, un peu de patience, un morceau en demi-teinte composé par ses fidèles Mick Jones et Tommy Brown.


Et enfin Je t’appelle, notre perle discrète, placée comme une confidence en fin de disque.


On estime les ventes à environ 50 000 exemplaires : un score honnête, mais loin de l’âge d’or. Pourtant, à l’écoute aujourd’hui, ce petit 45 tours sonne comme une déclaration d’intention. Sylvie ne cherche plus à plaire à tout prix, elle explore.


Je t’appelle : un SOS en musique


Adaptée de l’italien par Pierre Delanoë (déjà auteur de La Maritza), la chanson surprend par sa frontalité. Un appel clair à l’être aimé, un orage intérieur qui cherche une accalmie dans les bras de l’autre.

« Ici, l’orage gronde / Viens, viens du bout du monde… »

C’est une Sylvie plus adulte, plus consciente de la fragilité des choses. Le texte va même jusqu’à la menace : si tu ne reviens pas, « tant pis pour moi, et tant pis aussi pour le suivant, celui qui aura ma haine ». On n’est pas loin d’une punchline de rap avant l’heure...


La musique, composée par un mystérieux « R. Vendredi », ne cherche pas à impressionner. Un arrangement contenu, presque minimaliste, qui laisse la voix occuper tout l’espace. C’est là que réside la force du titre : la voix de Vartan porte une intensité nouvelle, une fragilité vibrante.


Une rareté scénique, mais pas à la télé


Si vous espérez trouver des dizaines de captations live de Je t’appelle, mauvaise pioche. Sylvie ne l’a chantée en France qu’au Palais d’Hiver de Lyon en décembre 1971. Ensuite, direction le Japon, où le public nippon a le privilège d’entendre la chanson lors de sa tournée. Elle sera immortalisée sur Sylvie à Tokyo, double LP destiné uniquement au marché japonais. Autant dire qu’il fallait être collectionneur ou expatrié pour en profiter. En 1995, les Italiens exhument la version live sur CD.


D'avril à juin 1971, elle interprète Je t’appelle dans trois émissions TV (dont le show Pétula Clark ci-dessous). Ce sont les rares moments où le grand public français a pu découvrir ce titre hors vinyle. Pas de buzz, pas de coup de tonnerre. Et puis la chanson est repartie se cacher dans les sillons du 45 tours.



Pourquoi redécouvrir Je t’appelle aujourd’hui


Parce que c’est une chanson de transition, et que les transitions en disent souvent plus que les sommets. On y entend la fragilité d’une artiste revenue de loin, un besoin vital d’aimer et d’être aimée. C’est aussi un titre qui annonce la suite. À la rentrée paraît le single Parle-moi de ta vie, et fin 1971, Sylvie sort son album culte Sympathie, puis ses grands shows de music-hall. Les 4 titres de l'EP Loup en sont l’antichambre : une pièce modeste, mais chargée de vérité, comme si Sylvie testait ses nouvelles armes avant de repartir au combat.


Je t’appelle n’a pas fait trembler les hit-parades, mais elle continue de vibrer comme une bouteille à la mer. Et dans son sillage, c’est toujours un peu le cœur de Sylvie qu’on entend battre.


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