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Face au soleil – Sylvie Vartan : briller sans plier


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Fin 1968 : la France a encore la gueule de bois après mai 68, et Sylvie Vartan, elle, continue d’avancer… tranquille, et la tête haute.
 Pas besoin de slogans ni de pavés : son arme à elle, c’est la lumière. Face au soleil.


Cette chanson, perdue au beau milieu d’un album (La Maritza) puis en face B d’un 45 tours un peu mésestimé (On a toutes besoin d’un homme), est l’un de ces titres qui, sans faire la une des journaux, raconte tout d’une époque, et surtout d’une femme qui a décidé de ne plus plier sous le vent.


Avant le soleil, la tempête


Sylvie sort de quelques années aussi mouvementées qu’un générique de Belmondo.
Star yéyé devenue icône nationale, épouse d’un Hallyday en pleine combustion, elle vient de traverser une période compliquée, marquée par un très grave accident, avant de remonter triomphalement sur la scène de l’Olympia et d’offrir son premier grand show télévisé signé par les Carpentier.


Mais derrière le brushing impeccable, sa vie n’est pas qu'un long plateau de variétés. Entre les aléas de santé et les critiques (souvent injustes) sur son chant ou sa “froideur”, Sylvie a appris une chose : il faut avancer coûte que coûte.
 C’est sans doute dans cet état d’esprit qu’elle enregistre La Maritza, grand disque d’émancipation personnelle et artistique. Un album où tout brille, du regard à la voix, et où se cache Face au soleil, petite sœur méconnue du tube qui a fini par donner son nom à l’album.


Une chanson pour regarder droit devant


Face au soleil est signée Micky Jones, Tommy Brown et Franck Gérald, un trio qui, à l’époque, oscille entre le studio d’Eddie Vartan, les coulisses de Johnny et les nuits enfumées de Pigalle.
 Jones, futur fondateur de Foreigner, n’est pas encore le guitar hero des stades américains. Il traîne sa Telecaster dans les studios parisiens et compose des perles pop à la chaîne.


Avec son complice Tommy Brown, ils offrent à Sylvie une version française de leur Run for the Sun, adaptée par Franck Gérald, poète de la détermination :

« Tourne le dos à tes ennemis / Marche tranquille et la tête haute / Face au soleil. »


Sylvie chante pour tous ceux qui voudraient lui voler un peu de sa lumière, et elle répond par le calme souverain de celle qui a compris qu’il vaut mieux regarder droit devant que s’épuiser à répondre.


Une lumière pop sur fond de Vannier


L’arrangement, signé Jean-Claude Vannier (le futur génie de Melody Nelson), apporte à la chanson une touche céleste : cordes soyeuses, basse souple, cuivres légers.
Chez Sylvie, Vannier habille les mots comme il habillera bientôt ceux de Gainsbourg, Nougaro ou Sanson : avec classe et mystère.


Et puis il y a la voix de Sylvie, ni rageuse, ni sucrée : droite, claire, presque apaisée.



Sorti en février 1969, l’EP On a toutes besoin d’un homme passe un peu inaperçu après le raz-de-marée de La Maritza. On y trouve pourtant quatre visages de Sylvie : la showgirl (On a toutes besoin d’un homme), la romantique (Deux bateaux), la mélancolique (J’ai caché le soleil), et la résiliente (Face au soleil).


La chanson connaîtra une vie discrète à la télévision : une apparition dans La Grande Farandole en mars 1969, puis le silence.


Pas de scène, pas de réédition tapageuse. Il faudra attendre 1994 pour que Sylvie ressorte Face au soleil en version acoustique. Et là, révélation : la chanson a pris du galon.
 Moins d’effets, plus de vérité. La maturité en fait un texte presque autobiographique.



La morale de l’histoire (façon Sylvie)


Face au soleil n’est pas une chanson sur la fuite, mais sur la constance.
 C’est la version pop et féminine de la sagesse : se battre, c’est d’abord ne pas baisser la tête.


Et si la chanson n’a pas connu le succès qu’elle méritait, elle reste comme un clin d’œil du destin : à force de marcher tranquille, Sylvie a traversé les décennies sans jamais perdre sa lumière.


Peu importent les modes, les critiques, les tempêtes…
Tant que tu regardes bien vers le soleil, rien ne peut vraiment t’atteindre.


Face au soleil : Paroles : Franck Gérald / Musique : Micky Jones & Tommy Brown
Arrangements : Jean-Claude Vannier


EP On a toutes besoin d’un homme (1969) - Album La Maritza (1968)


Réenregistrée en version acoustique en 1994


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