Je ris et je pleure : Sheila et l’art d’être la bonne copine
- L'Agent Secret des Chansons
- 25 mars
- 3 min de lecture

1965 : Sheila est partout. Elle vient de triompher avec Vous les copains, et dans quelques mois, elle va enfoncer le clou avec C’est toi que j’aime. Entre ces deux tubes, elle sort un 45 tours qui est passé un peu inaperçu et qui, à mon sens, aurait mérité bien plus d’attention.
Dedans, quatre chansons impeccables, jamais reprises sur scène, très peu diffusées à la télé, et qui pourtant ont un charme fou. Et parmi elles, Je ris et je pleure, une chanson qui, sous ses airs légers, raconte une histoire bien plus cruelle qu’il n’y paraît.
La copine idéale, mais pas plus
Sheila, 19 ans, nous raconte ici l’histoire d’une fille qui joue la copine parfaite. Toujours présente, toujours sympa, mais en réalité, elle est amoureuse et il ne se passe rien. Lui, évidemment, ne voit en elle qu’une confidente à qui il raconte ses conquêtes, alors qu’elle, dès qu’elle rentre chez elle, pleure en silence. Classique. Tout le monde a connu ce moment où on espère un regard, une attention...
Sheila elle-même en parle dans une interview de Schnock, où elle dit qu’à l’époque, "Françoise Hardy était l'intello, Sylvie Vartan la jolie poupée qui faisait craquer les mecs, et moi la bonne copine à qui on raconte le coup de la veille". Visiblement, ça lui parlait, cette chanson.
Un air joyeux pour une histoire triste
La mélodie de Je ris et je pleure est entraînante, le tempo est léger, tout semble respirer la bonne humeur. Mais en fait c’est l’histoire d’une fille qui souffre en silence.
C’était d’ailleurs assez courant à l’époque : plutôt que d’alourdir une chanson avec une ambiance dramatique, on préférait donner un peu de rythme et de légèreté.
Et on se retrouve avec une chanson qui colle parfaitement au personnage de Sheila : toujours souriante, jamais vraiment triste en apparence, mais qui, au fond, raconte une histoire qui pourrait être bien plus émouvante.
Jean-Jacques Debout dans l’équation
Autre petite particularité de ce titre : il a été co-écrit par Jean-Jacques Debout, qui avait surtout l’habitude de composer pour Johnny Hallyday, Sylvie Vartan… On est donc loin du schéma habituel.
Et pourtant, leur collaboration ne sera pas suivie d’effet. Peut-être que son style ne collait pas assez à l’univers de Sheila, ou plutôt à celui de Carrère, qui voulait garder la main sur tout.
Une chanson mineure, mais un disque à part
On ne va pas se mentir, Je ris et je pleure n’a pas marqué les esprits comme d’autres titres de Sheila. Elle n’a pas eu droit aux honneurs des plateaux télé ni aux reprises en concert. Pourtant, elle fait partie d’un 45 tours où chaque chanson méritait d’être mise en avant.
Le titre principal était Toujours des beaux jours, qui offre un drôle de contraste avec Je ris et je pleure. Cette dernière raconte une histoire d’amour unilatérale, l'autre parle d’un couple qui tient bon malgré les épreuves. C’est presque comme si l'image de Sheila hésitait entre ces deux facettes : celle de la fille qu’on aime bien, et celle qu’on aime tout court.
Et puis il y a Il suffit d'un garçon, un titre original composé par Mitch Muray (qui écrivait pour Gerry and the Pacemakers) et Je n'en veux pas d'autre que toi, une adaptation franchement réussie des New Seekers, reprise en français par le groupe Les Missiles.
Un petit trésor à redécouvrir
Si ce disque a toujours eu une place particulière pour moi, c’est justement parce qu’il a été un peu oublié. Il n’a pas été surexposé, il n’a pas été rabâché partout, et du coup, j’ai toujours eu l’impression qu’il n’y avait que moi qui le connaissais !
Alors, "Je ris et je pleure", chanson mineure ou pépite discrète ? Pour moi, c’est clairement la deuxième option. Une mélodie accrocheuse, des paroles touchantes, et une Sheila qui, sous ses airs légers, racontait peut-être plus sur elle-même qu’on ne le pensait.



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