top of page

Dusty Springfield – All I See Is You : quand la Reine de la ballade frappe encore

Dernière mise à jour : 3 mai



Printemps 1966. Dusty Springfield atteint les sommets des charts britanniques avec You Don't Have to Say You Love Me, une adaptation magistrale de Io Che Non Vivo (Senza Te), chanson italienne devenue tube planétaire grâce à son interprétation. Un immense succès. Beaucoup, à sa place, auraient choisi de lever le pied. Pas Dusty. Elle poursuit sur sa lancée.


Quelques mois plus tard, en septembre 1966, elle revient avec All I See Is You, un titre original cette fois. La chanson voit le jour à Londres, fruit d’une collaboration inattendue entre Clive Westlake, auteur gallois, et Ben Weisman, compositeur américain (notamment connu pour ses morceaux écrits pour Elvis Presley). C’est ainsi que naît l’un des trésors méconnus de son répertoire.


Une création presque accidentelle (mais totalement magique)


La genèse de All I See Is You tient du hasard heureux... Ben Weisman, en escale éclair à Londres après un détour par l’Italie, esquisse un embryon de mélodie sur un bout de papier.


Heureusement, Clive Westlake, en bon artisan passionné, prend ce petit germe musical et en fait une chanson sensible et poignante. Le titre lui-même est repris d’un autre morceau qu’il avait finalement écarté, peu convaincu.


Le destin fait le reste : le manager de Dusty, Vic Billings, passe par là, tombe amoureux de la maquette et organise une rencontre avec la diva. Dusty, toujours attentive aux belles chansons (et exigeante), demande juste une introduction musicale supplémentaire. Et voilà notre Clive qui passe la nuit à écrire, les yeux injectés de caféine et de rêves de gloire.


Quelques jours plus tard, l’enregistrement a lieu, sous la baguette de Wally Stott (qui deviendra plus tard Angela Morley). L’orchestration est ample, élégante. Le résultat : un morceau qui touche profondément.


Une ballade qui résonne avec justesse


Dès les premières notes, All I See Is You reprend une recette éprouvée : un démarrage tout en douceur, une montée progressive, puis une envolée passionnée où Dusty étale toute sa palette émotionnelle.



Les paroles sont simples, mais efficaces : comment oublier un amour perdu quand il vous suit partout, comme un parfum tenace ? Et on est bien loin ici d’un simple chagrin de midinette : c’est une véritable odyssée intérieure que Dusty nous livre, entre regrets, espoir ténu et douce obsession. Ce n’est pas pour rien que cette chanson est devenue, au fil du temps, l’une des plus aimées de ses fans.


Un succès d’estime… mais discret


Au Royaume-Uni, All I See Is You grimpe jusqu’à la neuvième place des charts. Aux États-Unis, elle atteint la 20ᵉ position dans le Billboard Hot 100. Une performance plus qu’honorable, mais – pourquoi cette relative réussite ? Peut-être parce que le public, encore ébloui par You Don't Have to Say You Love Me, n'était pas prêt à accueillir une nouvelle ballade mélancolique si tôt. Ou alors, c’est simplement que les dieux capricieux de la pop avaient d’autres plans pour 1966.


Peu importe. Les concerts, eux, ne mentent pas : All I See Is You devient un incontournable des spectacles de Dusty. À chaque interprétation, larmes garanties dans les premiers rangs, ovation debout systématique. C'est le genre de chanson qui vous serre le cœur comme un étau... mais dont on redemande, encore et encore.


Un héritage intact


Avec All I See Is You, Dusty Springfield prouve qu’elle n’est pas qu’une voix sublime : elle est une véritable interprète. Clive Westlake, qui disparaîtra en 2000, dira de Dusty qu’elle est "la plus grande voix et interprète depuis Édith Piaf". Une déclaration en forme d’hommage ultime, venant de celui qui a offert à la chanteuse l’une de ses plus belles armes secrètes.


Quant à Ben Weisman, alias "le fou génial" qu’Elvis adorait, il pouvait se targuer d’avoir contribué, même à distance, à ce petit miracle musical.


All I See Is You, un refuge pour les âmes sensibles


Près de soixante ans après sa sortie, All I See Is You reste l’une de ces chansons à écouter quand les jours sont gris, quand les souvenirs reviennent. Rien que pour sentir, l’espace de trois minutes, que malgré tout ce qu’on a perdu, il reste encore un peu de magie dans l’air.




Comments


bottom of page