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"Baby It's You" version Smith : quand Gayle McCormick hurle l’amour



Il y a des chansons qui vous marquent tout de suite quand vous les écoutez la première fois, et vous vous dites : "Mais pourquoi je n’ai pas entendu ça plus tôt ?" Pour moi, ce choc pas si lointain, c’est Baby It’s You, mais pas n’importe laquelle. Pas celle des Beatles — trop polie. Pas même celle des Shirelles — trop sage. Non, celle qui m’a attrapé, c’est la version de 1969, celle du groupe Smith. Et si vous ne la connaissez pas encore, on va y remédier tout de suite.


Une voix, un cri : Gayle McCormick


Il faut d’abord parler de Gayle. Gayle McCormick, c’est la tornade blonde qu’on entend chanter ce Baby It’s You avec autant de douleur que de rage contenue. Quand j’ai découvert cette chanson, j’ai tout de suite aimé cette intensité, mélange de Dusty Springfield et de Janis Joplin. Le plus fou, c’est qu’elle n’avait que 21 ans à l’époque. Et quelle claque.


Le choc de 1969


On est en 1969. Une année dense. L’homme marche sur la Lune, les Stones jouent à Altamont, le festival de Woodstock met la boue à l’honneur… Et pendant ce temps, un groupe fraîchement formé à Los Angeles, nommé sobrement Smith (à ne pas confondre avec The Smiths, le groupe de Morrissey), sort son tout premier album : A Group Called Smith. L’album n’a pas tout à fait révolutionné l’histoire du rock, mais un morceau va tout changer pour eux : Baby It’s You.


La chanson sort en single chez Dunhill Records, et c’est un succès fulgurant : numéro 5 au Billboard Hot 100, plus haut que la version originale des Shirelles, plus haut même que celle des Beatles.


Une reprise qui fait oublier les autres


L’originale, sortie donc en 1961 par les Shirelles, était déjà un bijou. Une ballade soul, un classique de Burt Bacharach. Puis les Beatles l’ont reprise en 1963, sur leur premier album Please Please Me. Une version charmante, chantée par Lennon, pleine de cette fraîcheur de leurs débuts. Mais on reste dans la retenue.


Smith, eux, dynamitent le morceau. C’est Del Shannon, l’auteur de Runaway, qui les découvre dans un club et leur arrange cette version rock. Il faut l’imaginer : le morceau qui, à l’origine, susurrait "Don’t want nobody, nobody…", devient à la fin une sorte d’exorcisme. Gayle ne supplie pas, elle exige. Et ça change tout.



D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que Tarantino l’a sélectionnée pour Boulevard de la mort en 2007. Le réalisateur a en général un radar pour les chansons puissantes oubliées.


Un groupe météore, mais quel éclair


Smith ne durera pas. Deux albums, quelques singles, et puis s’en vont. Mais ce court passage a suffi pour laisser une trace indélébile. Ils étaient cinq, dont une seule femme, et pourtant c’est bien elle, Gayle, qui portait tout sur ses épaules. Après la séparation, elle tentera une carrière solo, avec une belle voix toujours, mais sans retrouver la même intensité, ni le même succès. C’est parfois le destin cruel des comètes.


Quand Sylvie s’en mêle


Petite parenthèse hexagonale : en 1962, soit bien avant Smith, Sylvie Vartan avait adapté Baby It’s You en français sur son premier album. Baby c’est vous, ça s’appelait. Une curiosité yéyé, mais pas dénuée de charme. Et figurez-vous qu’en avril 2025, cette version a fait un retour inattendu sur les réseaux sociaux, dépassant les 100 000 vues. La preuve qu’une bonne mélodie ne meurt jamais.


En résumé ?


Écoutez Baby It's You par Smith. Pas demain. Maintenant. Et si vous n’avez qu’une chose à retenir de cet article, c’est que parfois, une seule chanson, même un peu oubliée maintenant, suffit à faire d’un groupe une légende. À condition qu’elle soit chantée avec les tripes.



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