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Smith – Let's Get Together : quand la paix prend un coup de rock psyché.



En 1969, alors que le flower power commence à faner, façon marguerite oubliée sur le tableau de bord d’un van Volkswagen, le groupe californien Smith débarque avec une reprise de Let's Get Together qui dynamite la douceur folk de l’original. Portée par la voix volcanique de Gayle McCormick, cette version survoltée ouvre leur premier album A Group Called Smith et offre une lecture résolument rock de l'hymne pacifiste de Chet Powers.


Une chanson, mille visages, un seul message


À l’origine, Let's Get Together est une ballade douce-amère, écrite au début des années 60 par Chet Powers, plus connu sous le nom de Dino Valenti, figure semi-légendaire de la scène psyché de San Francisco. Un message limpide : choisir l’amour plutôt que la peur.


Valenti enregistre la chanson en 1963, mais sa version ne sera publiée qu’à titre posthume, en 1996. Entre-temps, le morceau a fait du chemin, porté par des interprètes aussi variés que les Kingston Trio, We Five ou encore Jefferson Airplane. Mais c’est la version des Youngbloods, en 1967, qui l’ancre comme un tube générationnel. Passée inaperçue à sa sortie, elle ressurgit deux ans plus tard dans un spot radio pour la National Conference of Christians and Jews et grimpe enfin à la 5e place du Billboard. Mieux vaut tard que jamais.


Avec son tempo tranquille et ses harmonies vocales, la version des Youngbloods devient la bande-son de ceux qui rêvent de changer le monde en se tenant la main. C’est aujourd’hui encore la version la plus célèbre, celle des documentaires vintage, à base d’images super 8 et de slogans "Make Love, Not War".


Smith : entrée fracassante dans la cour des grands


Et puis arrivent les Smith. Pas ceux de Morrissey. Ceux de Los Angeles, qu’un certain Del Shannon (oui, celui de Runaway) découvre un soir dans un club. Il les coache, les pousse, leur dégote une signature chez ABC-Dunhill, et hop : en 1969, ils sortent A Group Called Smith. Un premier album audacieux, plein de reprises de standards passés à la moulinette psyché-soul-blues-rock.


Dès le premier morceau, Let’s Get Together, le ton est donné. Fini les guitares gentiment acoustiques et les voix en harmonie. Ici, c’est saturation, batterie lourde, basse qui ronfle, et surtout : Gayle McCormick.


Gayle McCormick : la diva qui rugit


Avant d’intégrer Smith, Gayle McCormick chantait du Tina Turner et du Etta James dans les clubs. Autant dire qu’elle savait déjà faire vibrer une salle. Avec Smith, elle trouve un terrain de jeu à sa mesure : un groupe capable de lui laisser l’espace pour s’exprimer.


Sur Let’s Get Together, son interprétation transcende l’originale. Ce refrain si souvent chanté – Come on people now / Smile on your brother / Everybody get together / Try to love one another right now – devient, dans sa bouche, un appel quasi désespéré.


Une relecture, pas une simple reprise


La version de Smith ne copie pas celle des Youngbloods. Elle propose un regard plus sombre, plus réaliste sans doute, sur le même idéal. Smith arrive au moment où les illusions commencent à se fissurer : guerre du Vietnam, assassinats politiques, tensions raciales. Le ton change, mais le message subsiste.



Et ça marche. L’album grimpe jusqu’à la 17e place du Billboard 200, et leur reprise de Baby It’s You devient leur plus gros hit.


Un héritage incandescent


Smith ne durera que deux albums. Leur feu aura été bref mais intense. En revisitant Let’s Get Together, Smith et Gayle McCormick nous rappellent que même les messages les plus pacifistes peuvent être portés par une voix enflammée. Le message d’unité est resté le même, mais chez Smith, il a brûlé d’une intensité nouvelle.

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