On se ressemble toi et moi : une petite douceur oubliée de France Gall
- L'Agent Secret des Chansons
- 6 janv.
- 3 min de lecture

France Gall avait très vite tourné la page sur sa carrière avant Michel Berger, et soyons honnêtes, on comprend pourquoi. Entre les chansons imposées et les choix discutables, tout n'était pas à garder. Mais quand on a écouté en boucle tous ses albums post-1975, qu'on connaît par cœur ses grands classiques et ses morceaux plus confidentiels, il reste peu de surprises à découvrir. En revanche, parmi ses chansons plus anciennes, certaines ont gardé une fraîcheur presque intacte. On se ressemble toi et moi fait partie de ces titres que le temps a laissé de côté, mais qui méritent qu'on y revienne.
Une chanson lumineuse et attachante
Sortie en 1965 sur un EP qui ne restera pas dans l'histoire, On se ressemble toi et moi est une chanson au charme discret. Pas de grand tube en vue, pas de révolution musicale à signaler, mais un morceau qui fonctionne grâce à sa mélodie et son interprétation sincère.
Dès l'intro à la trompette, on sent une influence américaine qui n'est pas sans rappeler encore une fois le travail de Burt Bacharach. L'orchestration met en valeur une mélodie efficace, composée par Claude-Henri Vic. Les paroles, signées Robert Gall (le père de France), restent dans l'univers des amours adolescentes, avec cette idée que deux êtres faits l'un pour l'autre finissent par se ressembler.
C’est une chanson que j'écoute toujours avec plaisir, un instantané d'une époque où la variété française cherchait encore à trouver son équilibre entre yéyé et pop anglo-saxonne.
Un 45 tours au destin contrasté
On se ressemble toi et moi n'était pas la tête d'affiche de son disque. Le titre phare de cet EP était L'Amérique, une chanson qui surfait sur la fascination des Français pour les USA. Les paroles d'Eddy Marnay accumulaient les clichés : gratte-ciel, cow-boys du Colorado, drugstores, rodéos... Une vision un peu carte postale qui n'a pas suffi à en faire un grand succès, d'autant plus que Sheila sortait en même temps Le Folklore américain, qui a complètement éclipsé la tentative de France Gall.
L'autre chanson marquante de ce disque, Nous ne sommes pas des anges, était signée Serge Gainsbourg. Démarrant sur un rythme de cavalerie, cette nouvelle livraison ne fut pas la meilleure qu'il ait composée pour elle, la musique étant assez conventionnelle. Mais son texte annonce déjà les prémices de la révolution hippie et des changements à venir dans les mœurs : cheveux longs pour les garçons, pantalons pour les filles...
D’ailleurs, Jean-Jacques Debout s’en inspirera pour écrire Comme un garçon, qu’il confiera à Sylvie Vartan en 1967.
Dans ce contexte, On se ressemble toi et moi est passée à peu près inaperçue.
Pourquoi s'y intéresser aujourd'hui ?
Alors, pourquoi reparler aujourd'hui de On se ressemble toi et moi ? D'abord, parce que c'est une mélodie délicate qui a sa propre couleur singulière.
Ensuite, parce que le texte est une nouvelle variation autour des amours adolescentes, qui nous replongent dans une époque où chaque mot, chaque geste prenaient une importance démesurée.
Enfin, parce qu’on a oublié qu'elle a eu une première partie de carrière contenant quelques oeuvres cachées qui s'écoutent avec plaisir. On se ressemble toi et moi est une pépite qui a l'avantage d'être restée dans l'ombre, à l'abri d'une surexposition excessive.
Conclusion : Un petit plaisir à redécouvrir. Avec son arrangement soigné, sa mélodie accrocheuse et son interprétation sincère, elle mérite qu’on lui accorde une écoute… au moins une fois, histoire de briller en société avec une référence que personne n’a !

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